Raogi n'en pouvait plus. Ca faisait 5 heures qu'il s'escrimait à réparer son transporteur, et tout ce qu'il avait gagné, c'était d'avoir ses mains recouvertes de cambouis. N'en pouvant, il frappa le moteur. Manque de chance, il fut aspergé d'huile de vidange de la tête au pied.
"-Raahhhh !!!! C'est pas possible !!!! Si les autres membres de l'alliance me voyaient, ils se foutraient de ma gueule !!!"
En effet, Raogi Agiri, dirigeant connu -seulement par ses voisins pour être bruyant, en fait-,quelque peu insouciant et surtout autoproclamé d'un territoire qui comptait pour seule population quelques slimes de l'espace et des corbeaux vunosiens. Sa flotte était constituée seulement de son bon vieux Testa Rossa 2, un vieux transporteur qu'il avait tenté de reconvertir en vaisseau de course à l'aide de boosters peu conventionnels. Ce qui expliquait qu'il passait d'une réparation à une autre. Naturellement, il avait dû se contenter des planètes dont personne n'avait voulu, mais cela lui importait peu : ces terres lui appartenaient, et il était le seul maître à bord.
Enfant d'un garagiste interstellaire et d'une barmaid, Raogi s'étaitite découvert une passion pour les explosifs qu'il assouvissait assez souvent. D'ailleurs, quand il ne réparait pas ce foutu moteur, il passait son temps à concevoir des engins tout autant destructeurs que loufoques. Ce qui lui avait valu de se faire virer de chez lui par un père excédé par les frasques de son fiston. Il s'était donc retrouvé à faire des petits boulots par ci par là jusqu'à ce qu'il rencontre un certain Worf au garage de son père où il passait par intermittence pour revoir la famille.
Ce grand homme avait de la prestance, et son vaisseau reluisait sous le soleil orange de sa planète d'origine. Durant le moment qu'il passa chez lui, il ne cessa de le dévisager et de l'écouter. C'est ainsi qu'il découvrit que "tout homme est digne de devenir un dirigeant, s'il s'en donne les moyens, c'est-à-dire un vaisseau." Une fois le visiteur parti, Raogi se mit à réfléchir sur ces paroles, et un soir, il déroba un vieux taquot dans le garage de son père. Il se fit alors un promesse : il ne reviendrait dans l'antre familiale que lorsqu'il serait devenu un dirigeant populaire et un expert en explosifs émérite.
Raogi était encore un jeune homme de vingt ans, sans grande expérience. Il était bruns, avec des yeux dorés. Il était habillé d'une salopette rouge, d'un T-Shirt vert et d'un blouson orange avec divers tags dessus. Ses bottes de combat contrastait énormément avec son bandeau rouge qu'il arborait sur son front et qui laissait derrière lui une agréable traînée rouge trouée. Enfin, ce que l'on aurait pu voir si il n'était pas recouvert d'huile de moteur et de poussière.
Raogi avait fini sa dernière ration d'eau. Il devait se dépêcher de retourner sur sa planète mère, ou plutôt devrait-il dire sa planète "ferme" : il y avait développer un puits, un élevage et des cultures pour ses petits besoins personnels. Ces derniers temps, il avait espéré que quelques personnes l'aient rejoint, mais il s'était bien vite ravisé : personne ne viendrait tant qu'il n'en serait pas digne. Mais comment se développer quand on est seul ?? Certes, la première chose qu'il avait faite quand il avait colonisé sa planète mère avait été de rejoindre la FFC qui l'avait accueillie à bras ouverts, mais il ne se sentait pas d'abuser de la gentillesse des membres en des heures aussi sombres. Il s'était débrouillé seul, une fois l'aide des premiers temps arrivée. Il revaudrait sa dette au centuple, il en était sûr. Son égo ne pouvait pas lui permettre cette légèreté qu'est l'avarice ou le mensonge.
Alors qu'il tentait vainement et désespérément de redémarrer le moteur, il entendit sa radio ronronnait.
[Crshhhh... je répète... crshhh... je répète... crshhh... Iluvatar et John Clark ne sont plus... je répète... Iluvatar et John ClCrshh... Et divers membres ont disparu, dont Doriane... Crshhh... Je répète...]
Raogi était certes nouveau, mais il avait compris la gravité de cette annonce. Il ne se démonta et garda son flegme habituel. Le moteur redémarra. Il garda tout autant son flegme. Après une telle annonce, il ne pouvait plus être touché par quoi que ce soit aujourd'hui. Il délaissa le moteur pour qu'il chauffe un peu et rentra dans la capsule habitable. Il en sortit l'insigne qui lui avait été donné. Il y avait encore le titre de stagiaire accroché dessus. Il le colla sur son épaule toute grasse, et se releva. Il sortit.
Le soleil était de plomb, au sens figuré comme au sens propre, mais il garda un air distant.
"-C'est la fin d'une ère."
Ce fut les seuls mots qui sortirent de sa bouche. Il n'arrivait pas à exprimer ses sentiments profonds à l'heure actuelle. Il ne pouvait rien faire. Il était trop faible. Il frappa de toutes ses forces le sol avec ses poings. Pourquoi ? Pourquoi avait-il enfin une soudaine et furieuse envie de pleurer. Il ne devait plus pleurer. Pour elle. Pour lui. Pour ceux qui étaient partis. Pour ceux qui restaient. Pour ceux qui viendraient.
"-Un jour, je serais fort ! Plus fort que tous ! Je me battrais contre les plus grands !" hurla-t-il à la plaine déserte. Puis il s'effondra sous le coup de l'émotion qu'il pouvait se permettre contrairement aux grands souverains. Après tout, il n'était qu'au début de sa vie.
Il se réveilla. La nuit était tombée. Il se remémora tout ce qui lui était arrivé. Et il prit une décision. Il enleva son bandeau, le serra contre son coeur et effectua un salut militaire.
"- C'est la fin d'une ère. Maintenant, c'est à nous, les jeunes, de prendre la relève. Nous vous remercions tous autant que vous êtes, vous, les défunts anciens. Vous pouvez compter sur nous. Et vous pouvez compter sur moi. Une ère nouvelle vient de commencer, il nous revient de la construire selon vos préceptes."
Au bout d'un moment, Raogi éternua à cause du froid ambiant, puis se mit à se sentir totalement ridicule. Finalement, il se mit à hurler et à courir en direction de son véhicule : le moteur n'allait plus avoir de carburant !!!! Comment allait-il rentrer chez lui !!!!!! Non...
"-Ils vont vraiment se foutre de ma gueule..." finit-il par conclure Raogi quand il découvrit que le moteur tournait sur la réserve et qu'il dut se réisgner à enclencher sa radio de sauvetage... Et Worf qui allait encore lui passer un de ses savons...
PS : J'espère que vous avez apprécié ce petit intermède ludique, dirons-nous.